Les faiblesses et vulnérabilités du système d’identification des numéros mobiles en Côte d’Ivoire

En date du 31 janvier 2021, la Côte d’Ivoire est passée de la numérotation à huit (8) chiffres à une numérotation à dix (10) chiffres. Ceci est une avancée notable dans la mesure où nous offrons une plus grande plage d’adresse aux personnes de bénéficier des numéros de téléphone, ce qui implique que chaque personne pourrait disposer d’un numéro unique à lui, sans toutefois avoir des restrictions comme auparavant, et évitera la ré-attribution des numéros à un autre usager. Si nous faisons une petite analyse de la numérotation à 10 chiffres . Nous dirons simplement que nous pouvons désormais avoir 10 puissance 10 numéro possible à attribuer à tous les ivoiriens ou à tous ceux qui habitent la Côte d’Ivoire. Mais il faudra noter que dans ce plan de numérotation, il y a les deux premiers chiffres qui sont réservés à l’identification du réseau, donc, si nous prenons les 10 chiffres et que nous enlevons les deux (2) premiers chiffres, nous retrouvons huit (8) chiffres permettant de pouvoir attribuer des numéros à chaque abonné du réseau. Les deux premiers chiffres sont réservés à l’identification de l’opérateur réseau, nous retrouverons donc le 01 pour le réseau Moov, 05 pour MTN et 07 pour Orange.

Étant donné que nous nous retrouvons dans un système décimal, nous utiliserons les 10 chiffres du système pour composer un numéro de 8 chiffres.

Un opérateur réseau peut saturé sa plage de numéro avec au maximum 10^8 soit 100 millions d’abonnés sur son réseau. Or la la population Ivoirienne est estimé au maximum à 28 millions d’habitants. Avec ce calcul les opérateurs réseaux Moov, MTN et Orange à eux seuls peuvent desservir 300 millions de numéros de téléphone mobiles. Lorsque nous nous retrouvons dans une telle position, il n’est plus nécessaire d’avoir une compétition sur les numéros de téléphone, car il y en a suffisamment pour tout le monde. Malheureusement, nous constatons avec regret que les opérateurs continuent de remettre sur le marché des numéros de téléphone déjà attribué auparavant à d’autres usagers avec la caution de l’autorité de régulation des Télécommunications en Côte d’Ivoire. En menant une investigation, les opérateurs ont la possibilité de remettre les numéros de téléphone non actifs pendant un certain temps sur le marché. Cependant il faudra notifier que cette autorisation est une faiblesse et une vulnérabilité, dans les mesures suivantes :

 

1. Reattribution des Numéros Identifiés :

La reattribution de numéros identifiés à de nouveaux abonnés peut poser un risque de confidentialité. Les anciens titulaires de ces numéros pourraient avoir enregistré ces numéros pour divers services, lié leur compte bancaire à leur numéro mobile, détenir une compte wallet (mobile money), lié sa carte d’identité, etc … ce qui pourrait potentiellement exposer leurs informations personnelles et données financières aux nouveaux utilisateurs qui détiennent désormais le numéro de téléphone.

 

2. Mise à Zéro des Comptes d'Appel :

La possibilité de mettre à zéro les comptes d'appel peut être une vulnérabilité si elle est exploitée de manière malveillante.

Nous sommes sans ignoré qu’un numéro resté inactif peut avoir du crédit d’appel et des données de navigation, et un compte wallet, certes la période d’utilisation peut expirer mais il n’en demeure pas moins que sa valeur numéraire ne se périme pas, c’est donc une masse monétaire quantifiable. Je crois personnellement que les opérateurs n’ont pas le droit de remettre à zéro un crédit d’appel dont la date d’utilisation est arrivée à expiration. Avec un peu d’intelligence on peut les traduire en justice.

Avec la mise à zéro des balances, cela pourrait entraîner des pertes financières pour les abonnés et nécessiter des mécanismes de sécurité robustes pour prévenir de telles manipulations.

 

3. Réinitialisation des Comptes Mobiles :

La réinitialisation des comptes mobiles wallet, si elle est mal gérée, pourrait permettre à des acteurs malveillants d'accéder à des informations personnelles sensibles ou de compromettre la sécurité des comptes des abonnés. Au cas où l’ancien détenteur du numéro aurait lié son mobile wallet à son compte bancaire, nous nous retrouverons dans une vulnérabilité qui expose le compte de l’ancien détenteur du numéro, pour la simple raison qu’il pourrait faire des opérations de retrait et de dépôt sur le compte bancaire de celui-ci. C’est une vulnérabilité redoutable. La raison qui soutient cette thèse est que, la clef de liaison de l’API de la banque ne supprime pas lorsque le mobile wallet est attribué à un autre utilisateur.

 

4. Exposition à des Attaques Cybercriminelles :

Le système d'identification des numéros mobiles pourrait être exposé à des attaques cybercriminelles, telles que la fraude par carte SIM, la récupération de codes PIN, ou l'usurpation d'identité, mettant ainsi en danger la sécurité des abonnés et de leurs données.

 

Pour atténuer ces faiblesses et vulnérabilités, il est essentiel que les opérateurs de téléphonie mobile en Côte d'Ivoire mettent en place des mesures de sécurité robustes, notamment la surveillance continue, la protection des données personnelles, l'authentification à deux facteurs, et la sensibilisation à la sécurité pour les abonnés. De plus, une réglementation adéquate et des audits de sécurité réguliers peuvent contribuer à renforcer la sécurité du système d'identification des numéros mobiles. Mais au-delà de toutes ses mesures , il faudrait absolument que le régulateur puisse prendre des mesures à fin d’arrêter la ré-attribution de numéro identifié d’un ancien abonné à un autre abonné puisqu’il existe suffisamment de numéro pour que tout le monde en dispose.